L’environnement était le deuxième sujet de préoccupation des jeunes lors des dernières élections présidentielles selon une étude de l’Ipsos publiée en janvier 2022. Face à l’urgence climatique, de plus en plus d’ingénieurs se questionnent sur leurs rôles dans la société  et partent à la découverte des solutions mises en place par certaines entreprises ou se dirigent vers des parcours plus engagés dans la transition écologique. Emma, une jeune diplômée de l’Escom chimie nous raconte son parcours liée à son engagement ainsi que son nouveau rôle au sein de la FESIC.

Selon toi, qu’est ce qu’un ingénieur chimiste ?

Un ingénieur chimiste est un ingénieur spécialisé dans tous les domaines reliés à la matière, sa composition, ses propriétés et ses transformations. On étudie beaucoup les mathématiques, la physique et les différentes chimie sont approfondies de manière indépendante. On se spécialise d’ailleurs après en cycle ingénieur selon le domaine où l’on souhaite exercer. Personnellement, j’ai décidé de me spécialiser dans les matériaux avec l’ambition de travailler dans le recyclage du plastique. Mais certains de mes amis travaillent dans la formulation, la pharmaceutique, les biotechnologies, les procédés ou bien voir même le marketing.

J’encourage également les jeunes femmes à ne pas hésiter à se lancer dans des études d’ingénieurs.

Selon toi, quels sont les principaux enjeux auxquels les ingénieurs chimistes doivent répondre ?

Il y en a beaucoup ! Personnellement je pense que la transition écologique doit être remise au centre des préoccupations des entreprises et de la société. L’ingénieur chimiste a donc un rôle crucial à jouer dans cette transformation : la décarbonation et la remise en question de nos systèmes de production, la prospection et l’application d’ingrédients plus respectueux de l’environnement dans la construction par exemple ou pour des produits commercialisés, l’analyse et la sécurité de l’eau ou encore la valorisation, le recyclage des matières … D’autres enjeux auxquels nous devons répondre et qui restent constants selon moi, sont la recherche pharmaceutique mais également la recherche de nouvelles voies de synthèse de chimie verte ou bien encore le contrôle qualité des entreprises et la sécurité. Il me semble essentiel que les ingénieurs réfléchissent à l’importance de leur rôle dans la société et aux enjeux auxquels ils souhaitent contribuer.

Comment es-tu venu à faire ce choix d’études-là ? Qu’est-ce qui t’a poussé à aller dans une école d’ingénieur et plus spécifiquement à l’ESCOM chimie ?

J’ai fait un bac S option SVT et je m’intéressais beaucoup aux sciences de manière générale. J’étais très peu sûre de mon orientation au lycée. Je savais seulement que l’écologie et l’environnement étaient des centres d’intérêt important. J’ai postulé dans plusieurs facultés, à l’EBI ainsi qu’à l’ESCOM. Les écoles me paraissaient tournées vers des enjeux importants. Ça me paraissait assez général comme poursuite d’études. J’avais également le souhait de rester chez mes parents donc leur localisation était avantageuse. J’ai passé le concours puissance 11 (à l’époque désormais Puissance Alpha) et j’ai finalement été retenue par l’Escom ! J’ai finalement déménagé mais pas très loin de la maison familiale.

Peux-tu nous faire un petit résumé de tes stages ?

A l’Escom Chimie, il y a quatre stages obligatoires. J’ai réalisé mon premier stage ouvrier dans un Centre de Valorisation Énergétique à SUEZ pendant 1 mois. J’ai découvert toute la chaîne de nos déchets ménagers ainsi que leur valorisation pour produire de l’énergie. Ensuite, j’ai réalisé un stage technicien à Veolia. Je participais à une étude de recherche qui visait à substituer le sable dans les bétons par le mâchefer (le résidu brûlé de nos déchets ménagers). Cette alternative permet d’économiser le sable et de revaloriser la matière. Mon stage pré-ingénieur a constitué un véritable tremplin et a confirmé la direction et le sens que je voulais donner à ma carrière. J’ai réalisé ce stage chez Plastiloop by Veolia, une filiale de l’entreprise spécialisée dans le recyclage plastique. Lors de ce stage, j’ai réalisé de nombreuses tâches et j’ai réalisé toutes les demandes auxquelles un ingénieur pouvait répondre. Je travaillais principalement avec le pôle de recherche et développement mais également de production, sur une étude qui visait à trouver des nouveaux additifs pour améliorer les propriétés mécaniques du plastique recyclé (en général, moins performant que le plastique vierge). L’enjeu était donc de taille. Après ce stage, je voulais absolument rester dans les polymères. J’ai donc trouvé mon stage de fin d’étude à B’ZEOS, une startup à Barcelone spécialisée dans la recherche et la fabrication de bioplastiques fait à partir d’algues. A travers tous ces stages, je sentais que mon travail et mon rôle avaient du sens et pouvaient avoir de l’impact. J’ai pu également me rendre compte de toutes les difficultés auxquelles les entreprises qui œuvrent pour un monde plus durable pouvaient faire face..

As-tu eu d’autres opportunités de partir à l’étranger ?

Oui ! Pour notre dernière année, nous avons l’occasion de faire des échanges à l’étranger avec des universités partenaires. J’ai tenté ma chance pour l’Université du Québec à Rimouski. J’ai suivi deux trimestres en chimie de l’environnement. J’ai étudié les biotechnologies, l’océanographie, la toxicologie… des choses que je n’avais pas forcément approfondi à l’Escom chimie. Le parcours était plus orienté vers les enjeux environnementaux ce qui me plaisait beaucoup. Je conseille vraiment aux étudiants de se lancer et de partir à l’étranger s’ ils en ont l’occasion. Ce sont des expériences de vie unique.

Hormis le côté très technique de tes études, quelles autres expériences t’ont permis de développer des compétences auxquelles un ingénieur doit répondre ?

Un ingénieur doit savoir travailler en équipe. J’ai l’impression que beaucoup d’ingénieurs s’engagent dans des associations (que ce soit interne ou externe à l’école) et ces expériences participent à développer des compétences plus interpersonnelles. Personnellement, après la classe préparatoire intégrée réalisée en pleine crise du Covid, j’avais besoin de retrouver plus de concret dans ma vie. Je me suis lancée et j’ai été présidente du Bureaux Des Élèves de mon école pendant un an. C’était une expérience riche et très intense ! Mon équipe et moi participions à animer la vie des étudiants, tout en essayant de la rendre plus agréable. J’ai découvert le management, les responsabilités, les conflits, l’entraide et la solidarité dans la réalisation de projets communs.

Et alors que fais-tu maintenant ?

Aujourd’hui, je travaille quelques mois à la FESIC pour promouvoir le métier d’ingénieur. J’organise des conférences et des interventions en classe pour donner des conseils pour s’orienter efficacement. Je sensibilise également les élèves sur la qualité des diplômes et ensuite je présente le métier d’ingénieur, c’est-à-dire notre rôle, les différents domaines d’application de celui-ci et je donne du contexte sur nos missions via mon parcours. J’essaye aussi d’informer les jeunes et de les sensibiliser aux questions environnementales. J’encourage également les jeunes femmes à ne pas hésiter à se lancer dans des études d’ingénieurs. Une ancienne professeure de mon lycée ou j’interviens m’a fait part du fait que les jeunes garçons étaient souvent très sûr d’eux alors que les jeunes femmes ne pensaient pas avoir le niveau. Je suis très fière de mon parcours mais cette année post-étude, j’avais envie de prendre une pause pour prendre du recul sur mes choix de carrière. Je veux continuer de travailler au service d’un monde plus durable, porteur de sens ou pour une entreprise avec des valeurs environnementales fondées. Je suis également très tentée par l’idée de retourner à l’étranger ! Un volontariat international en entreprise me plairait beaucoup.

Engagée et soucieuse de l’avenir du monde, Emma nous révèle comment les ingénieurs peuvent avoir un rôle au cœur de la transition écologique. Face à l’urgence climatique, de plus en plus d’ingénieurs se remettent en question et cherchent un travail de sens et des entreprises en accord avec leurs convictions.


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